L'homme, chaque
homme, porte en lui des ressources qu'il ne soupçonne même
pas. C'est dans ses ressources qu’il doit puiser lorsque l'existence
le désespère. Il doit comprendre que cette souffrance
existentielle qui est la sienne est en fait le témoignage d'une
société qui est folle. On ne la soignera pas avec
des psychotropes. Le tourbillon infernal qui aspire la société
vers le bas peut être arrêté. Seul l'homme
peut sauver la société en commençant par se sauver
lui-même. Encore faut-il peut-être lui dire que
c'est possible et lui montrer comment faire. Ces valeurs éternelles,
qu'il porte en lui, ont permis à travers tous les chaos l'essor
des civilisations. Elles ne peuvent disparaître sauf à
ruiner les civilisations elles-mêmes. Elles ont noms la
solidarité, l'entraide, le courage, la tolérance.
Elles s'appellent générosité, fraternité
et chaleur humaine. Elles existent toujours, ces valeurs, mais
il faut le faire savoir, les valoriser et faire en sorte qu'elles
puissent servir d'alternatives aux valeurs uniquement matérielles
qui sont imposées. Il faut la possibilité du choix
et il faut que chacun puisse s'exprimer. Ce n'est pas un hasard
si les quelques figures charismatiques de notre société,
comme l'abbé Pierre, incarnent ces vertus qui font tellement
défaut. Ce n'est pas un hasard si des personnalités
médiatiquement connues s'engagent dans des tâches humanitaires.
Il faut redécouvrir les bienfaits de la gratuité.
On peut se sentir bien ensemble en étant liés par des
échanges non matériels. Le temps du changement
est venu. Il faut tracer des voies, montrer des chemins, donner
l'exemple, chacun dans son domaine.
Il existe des remèdes
non pharmacologiques à la passivité, au renoncement
et à la résignation. C'est d'abord s'accepter
tel que l'on est et pas tel que l'on vous impose d'être.
C'est définir les limites de ses ambitions pour ne pas vivre
l'échec, ce qui n'interdit pas de toujours essayer de se dépasser.
C'est préférer sa réussite d’homme en accord
avec ses propres valeurs à une réussite sociale définie
par les autres. C'est avoir une opinion personnelle non dictée
par la mode du moment.
Mobiliser toutes
ces valeurs c'est construire une société plus humaine,
où il ferait meilleur vivre.
Carnets
Henry De Montherlant
Carnet XX – 1931
Quand je
vois une extrêmement jolie femme au bras d’un type, dans un
lieu public, je me dis toujours : « Penser qu’il en a d’elle
plein le dos ! »
Carnet XXI – 1931
– 1932
Loué soit celui
qui rit de lui-même, sans que ce soit pour prévenir le rire
des autres.
Carnet XXX 1935 –
1936
Renoncer à
tout, plutôt qu’à un acte de confiance.
Tous
feux éteints
Année 1966
Qui donc a écrit
ceci, si joli et si juste ? « Comme on a tort de ne pas se prendre
au sérieux ! Les autres en profitent. »
Nous voyons ce que
sont les gens à ce qu’ils croient que nous sommes.
Ceux que nous estimons
ont un pouvoir redoutable, celui de nous décevoir, que n’ont pas
les autres.
La
marée du soir
Année 1968
Nombre de
roués, de rusés, bien connus pour tels, et dont il n’est
question de nier ni l’intelligence ni l’habileté, soudain,
dans un de leurs actes, on les voit naïfs. Bien plus, en telle
occasion, ces crocodiles font figure de niais. Les hommes qui, dans
leur conduite, à aucun moment – aucun – ne vous ont
apparu naïfs, sont extrêmement rares.
Année 1971
Il ne faut
jamais dire à une femme qui a été en retard au
dernier rendez-vous : « Je croyais que tu m’avais quitté
comme ça, sans un mot, comme la femme de chambre qui donne
ses huit jours après avoir reçu ses étrennes.
» Cela lui montre que vous la croyez capable de le faire. Et
cela lui glisse dans la tête, peut-être, l’idée
qu’un jour elle pourra le faire. Résultat peu heureux, si vous
souhaitez de la garder.